Enquête chez les damnés de la guerre.


"Ce mal, étrange, est aussi répandu que tabou. Rwanda, Bosnie, Irak, Algérie, Vietnam, Liban... partout, des hommes reviennent brisés."

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Jean-Paul MARI


Grand reporter au Nouvel Observateur depuis vingt-cinq ans, Jean-Paul Mari a publié cinq livres traitant des drames humains dans les différents conflits internationaux

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SANS BLESSURES APPARENTES



LE THEME

Comment affronter l’épouvante, par un des plus grands reporters français.

Depuis trente ans, Jean-Paul Mari a couvert toutes les guerres du globe. Il a parcouru les champs de bataille, de l’Irak au Rwanda, du Moyen-Orient à la Bosnie, au Sierra Leone, en Somalie, au Sri Lanka. Il a rencontré des héros et des assassins, il a vu des massacres, des villages brûlés, des enfants égorgés dans leur école, des civils découpés devant leur maison. Les plus grandes peurs comme les courages les plus admirables ont passé sous ses yeux. Il raconte.

Que peut-on faire de la douleur de la guerre ? Cette question obsédante, il l’a posée à des médecins qui tentent de rendre à la vie ceux qui ont vu la mort et s’en sont sortis « sans blessures apparentes ». Ceux-là ont vécu un moment d’effroi indicible, une rencontre avec la mort sous des formes diverses : une odeur, un regard, un cri, une vision insoutenable. Après quoi ils se sentent morts bien qu’ils soient vivants. Ils ne font plus partie de ce monde, ils peuvent devenir fous. Des milliers d’anonymes, mais aussi des écrivains, des peintres, des cinéastes ont subi et décrit cette expérience ultime. L’auteur aussi a vu la mort en face.

Le premier mérite de Jean-Paul Mari est d’avoir affronté l’épouvante pour en témoigner. Le second, probablement plus grand encore, est d’avoir enquêté, réfléchi, analysé. Il n’a pas voulu que restent enfouis l’horreur et les traumatismes. Il a choisi d’écrire pour sortir de ces ténèbres-là et affirmer que la vie peut être la plus forte.

L’auteur : Grand reporter au Nouvel Observateur depuis vingt-cinq ans, Jean-Paul Mari a publié cinq livres traitant des drames humains dans les différents conflits internationaux.

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RESUME : Enquête chez les damnés de la guerre.

"Je suis grand-reporter. Trente ans que je couvre les guerres du monde.

Au début, je ne savais pas ce qui m’attendait. Massacres, charniers, tortures et viols, j’ai plongé dans la nuit. Très vite, j’ai remarqué ces hommes que la guerre a rendus fous, héros terrorisé par ses cauchemars, ancien commando soudain muet ou vétéran qui se tire une balle dans la bouche. Ce mal, étrange, est aussi répandu que tabou. Rwanda, Bosnie, Irak, Algérie, Vietnam, Liban... partout, des hommes reviennent brisés.

Depuis ce jour où ils ont rencontré leur mort, dans la bouche d’un fusil, le regard d’un ennemi ou les yeux d’un ami. « Pas plus que le soleil, la mort ne peut se regarder en face » disaient les Anciens. À Bagdad, mon hôtel a reçu un obus. J’ai vu un confrère couché sur la moquette. À la place du ventre, il y avait une tache blanche et nacrée. Ce jour-là, j’ai commencé mon enquête. Elle m’a mené dans plusieurs pays. J’ai interrogé les combattants et les psychiatres, fouillé les livres, la peinture et les films, l’ethnologie et la mythologie.

Une chose est sûre : si on n’affronte pas la douleur de la guerre, elle nous tue. Il faut fouiller en nous-mêmes et se reconstruire pour trouver la guérison.
Oui, on peut mourir, survivre et revivre. Et ce mal ne nous parle que de vie et d’humanité.
Ceci est ma plus grande enquête."

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L'AUTEUR : Jean-Paul MARI



Biographie

Journaliste, né en 1950 à Alger. Il quitte l’Algérie à onze ans. Après des études de psychologie, il devient kinésithérapeute à l’hôpital Purpan à Toulouse, puis animateur de radio aux Antilles Britanniques.

Grand-reporter à Radio Monte Carlo, au "Matin de Paris" (Inde, Liban, Nouvelle Calédonie) puis, depuis 1985, au Nouvel-Observateur où il a publié plusieurs centaines de reportages effectués dans le monde entier (notamment conflits au Liban, Algérie, Israël, Syrie, Jordanie, Egypte, Irak, Iran, Bosnie, Kosovo, Albanie, Arménie, Amérique latine (Pérou, Colombie, Bolivie, Mexique, Chili,Brésil, Cuba), Afrique (Côte d’Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Rwanda, Sierra léone, Libéria, Tchad, Nigeria, Zaïre, Afrique du Sud), Asie (Sri-Lanka, Thaïlande, Birmanie, Bangladesh, Afghanistan, Pakistan ), Australie, Timor, Indonésie, Philippines, USA, Ex-Urss, Tibet, Chine...)

Bibliographie

1989 - "L’homme qui survécut" Reportages, Editions Jean-Claude Lattes.
1993 - "Le prix d’un enfant" Document, avec Marie-France Botte, Editions Robert Laffont.
2001 - "Il faut abattre la lune" Récit, Editions Nil (Réédité en mars 2003 sous le titre : "La Nuit Algérienne" Editions NiL)
2003 - "Carnets de Bagdad", Récit, Editions Grasset
2004 - "Carnets, Israël Palestine" Carnets de reportage (dessins de Yann le Bechec), Editions Jalan Publications.

Documentaire

2006 - « Irak, quand les soldats meurent », reportage, 64 minutes, produit par la Compagnie des Phares et Balises et diffusé sur Arte.

Prix

1987 - Prix Albert Londres
1989 - Prix des Organisations Humanitaires Agena
1997 - Prix Bayeux des Correspondants de guerre, (Ouest-France),
1998 - Prix Bayeux des correspondants de guerre
2001 - Prix Louis Hachette
2002 - Prix Méditerranée (Pour le livre : « Il faut abattre la lune. »)


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PRESSE


- Le Nouvel Obs

- Marianne (cliquez pour agrandir le document et lire l'article)






- La Libre Belgique

Il faut soigner les "cancers de l'âme" (Entretien avec Gérald Papy)


Deux articles de JP MARI sur ce sujet, publiés dans le Nouvel-Observateur:

- Articles sur les soldats français "traumatismes psychiques" :
http://www.grands-reporters.com/Sans-blessures-apparentes.html

- USA-Irak , "GI's : Morts de l'intérieur" :
http://www.grands-reporters.com/Gi-s-Les-morts-de-l-interieur.html

DEFINITION : Le stress post traumatique

DÉFINITION
SYMPTÔMES
DIFFICULTÉS ASSOCIÉES
ÉVOLUTION
QUE FAIRE?
QUAND CONSULTER?
AIDE
RÉFÉRENCES

DÉFINITION:

Qu'est-ce que l'état de stress post-traumatique ?

Il s'agit d'un ensemble de réactions (ou symptômes) qui peut se développer chez une personne après qu'elle ait vécu, été témoin ou confrontée à un traumatisme, c'est-à-dire un événement qui a provoqué la mort ou de sérieuses blessures ou qui impliquait une menace de mort ou de graves blessures et qui a suscité une peur intense, un sentiment d'impuissance ou d'horreur. Un tel événement peut être un accident, une agression violente, un viol, un hold-up, une prise d'otage, un incendie, un tremblement de terre, une inondation, etc.

Quiconque est exposé à un événement d'une telle intensité peut développer des symptômes caractéristiques qui comprennent : 1) le fait de revivre l'événement en pensée de manière persistante; 2) l'évitement des situations qui rappellent l'événement avec un émoussement des réactions générales (engourdissement, anesthésie émotionnelle); 3) une hyperactivité. Ces symptômes sont décrits plus en détail dans ce qui suit. Bien que certaines variables personnelles (par exemples, expériences durant l'enfance, traits de personnalité, troubles mentaux préexistants, etc.) peuvent augmenter la probabilité de développer un stress post-traumatique, il semble que le facteur le plus déterminant soit la gravité de l'événement vécu. Ainsi il peut se développer chez des personnes ne présentant aucune caractéristique prédisposante, surtout si le stress a été important. Selon certaines études, 8 à 10 % de la population souffrirait à un moment ou à un autre de leur vie d'un état de stress post-traumatique.

Précisons que nous parlons de stress post-traumatique lorsque la perturbation persiste plus d'un mois. Dans le premier mois nous employons plutôt le terme d'état de stress aigu.


SYMPTÔMES
Comment reconnaître les symptômes de stress post-traumatique?

Voici les critères définis par l'American Psychiatric Association et qui sont généralement utilisés:

A) La personne a été exposée à un événement traumatique tel que défini plus haut.

B) L'événement traumatique est constamment revécu, de l'une (ou de plusieurs) des façons suivantes:

1. souvenirs répétitifs et envahissants de l'événement provoquant un sentiment de détresse et comprenant des images, des pensées ou des perceptions. Note: Chez les jeunes enfants, jeux répétitifs exprimant des thèmes ou des aspects du traumatisme.

2. rêves répétitifs concernant l'événement provoquant un sentiment de détresse. Note: Chez les enfants, il peut s'agir de rêves effrayants sans contenu reconnaissable.

3. impression ou agissements soudains "comme si" l'événement traumatique allait se reproduire (incluant le sentiment de revivre l'événement, des illusions, des hallucinations et des épisodes dissociatifs (flash-back), y compris ceux qui surviennent au réveil ou au cours d'une intoxication). Note: Chez les jeunes enfants, la remise en action peut se produire.

4. sentiment intense de détresse psychique lors de l'exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un aspect de l'événement traumatique (par ex., les dates anniversaires, le temps froid ou le temps chaud, la neige, certains endroits, certaines scènes à la télévision, etc.).

5. réactivité physiologique lors de l'exposition à des indices internes ou externes pouvant évoquer ou ressembler à un aspect de l'événement traumatique.

C) Évitement persistant des stimulus associés au traumatisme et émoussement de la réactivité générale (non présente avant le traumatisme) comme en témoigne la présence d'au moins trois des

manifestations suivantes:

1. efforts pour éviter les pensées, les sentiments ou les conversations associés au traumatisme.

2. efforts pour éviter les activités, les endroits ou les gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme.

3. incapacité de se rappeler un aspect important du traumatisme.

4. réduction nette de l'intérêt pour des activités importantes ou bien réduction de la participation à ces mêmes activités.

5. sentiment de détachement d'autrui ou bien de devenir étranger par rapport aux autres.

6. restriction des affects (par ex., incapacité à éprouver des sentiments tendres).

7. sentiment d'avenir "bouché" (par ex., penser ne pas pouvoir faire carrière, se marier, avoir des enfants, ou avoir un cours normal de la vie).

D) Présence de symptômes persistants traduisant une activation neurovégétative (non présente avant le traumatisme) comme en témoigne la présence d'au moins deux des manifestations suivantes:

1. difficultés d'endormissement ou sommeil interrompu

2. irritabilité ou accès de colère

3. difficultés de concentration

4. hypervigilance

5. réaction de sursaut exagérée.

On parle de stress post-traumatique lorsque la perturbation entraîne une souffrance ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.

Le souvenir de l'événement est souvent d'une extraordinaire précision. Les gens disent revoir la scène comme s'ils y étaient. Les images, le souvenir des cris, des odeurs, etc; semblent plus vrais que la mémoire ordinaire. Luc, par exemple, nous racontait comment il n'a qu'à "regarder" ces images pour nous dire combien il a fait de pas pour aller vers les victimes, etc..

Les symptômes de stress post-traumatique sont, de l'avis de plusieurs chercheurs, le résultat de mécanismes d'adaptation de l'organisme. Par exemple, les symptômes d'hypervigilance et autres symptômes de suractivation physiologique se produisent comme s'il fallait rester en alerte pour s'assurer de faire ce qu'il faut et de prévenir tout autre danger. L'émoussement des émotions et l'amnésie permettent de doser le stress à gérer, etc.. Le problème, quand on ne se rétablit pas, est que ces mécanismes se maintiennent alors qu'ils ne sont plus nécessaires et qu'ils présentent trop d'inconvénients.

Il arrive que ces symptômes de stress post-traumatique soient accompagnés de symptômes physiques ou psychologiques d'anxiété ou de panique (il s'agit d'hyperventilation) tels que: palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque, transpiration, tremblements ou secousses musculaires, sensations de "souffle coupé" ou impression d'étouffement, sensation d'étranglement, douleur ou gêne thoracique, nausée ou gêne abdominale, sensation de vertige, d'instabilité, de tête vide ou impression d'évanouissement, déréalisation (sentiments d'irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi), peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou, peur de mourir, sensations d'engourdissement ou de picotements, frissons ou bouffées de chaleur (reproduit du DSM-IV, Critères d'une attaque de panique). Ses symptômes apparaissent en raison du blocage de la respiration qui se fait lorsque nous sommes anxieux. Ils sont désagréables et souvent inquiétants mais ne sont pas dangereux. Pour les atténuer, prenez le temps de respirer lentement et profondément.


DIFFICULTÉS ASSOCIÉES
Les réactions qui constituent ce qu'on appelle l'état de stress post-traumatique ne représentent souvent qu'une partie de la souffrance et des difficultés des victimes de catastrophes.

Elles vivent souvent un pénible sentiment de culpabilité du fait d'avoir survécu, de ne pas avoir réussi à sauver des gens, par rapport à ce qu'elles ont dû faire pour sauver leur vie, pour ne pas avoir réagi comme elles auraient voulu, etc.. Lorsqu'elles sont victimes d'un acte criminel, elles vivent souvent de façon intense une grande révolte, de l'agressivité, un désir de vengeance et un sentiment d'injustice.

Les victimes souffrent souvent aussi d'un sentiment d'incommunicabilité. Leur expérience, les émotions vécues et leurs réactions sont tellement hors du commun, intenses et inconnues jusqu'à présent que les mots sont difficiles à trouver pour décrire ce qui est vécu, surtout pour les gens qui sont de nature un peu renfermée. Il est souvent difficile pour l'entourage de réaliser ce que la personne vit. Il vient souvent un temps où la victime se fait dire "reviens-en; oublie ça, secoue-toi." Nos clients souffrant d'un stress post-traumatique sévère nous disent à peu près tous que, même si l'entourage offre une bonne écoute, il vient un moment où ils ne veulent plus en parler, ils ne veulent pas imposer cette lourdeur à leur entourage. Le (la) psychologue est souvent la personne à qui on continue à en parler, à qui on réussit de plus en plus à exprimer tout ce qui a été vécu, tout ce qu'on a vu, pensé, ressenti et ce que l'on continue à vivre par rapport à ça. Pourquoi le faire ? Nous en parlons, dans la section Que faire ?.

La vision du monde et de la vie est souvent affectée. Le monde n'est plus aussi sûr. Il devient plein de dangers, de méchancetés, etc., selon le traumatisme vécu. Plus la vision du monde était incompatible avec l'événement, plus le choc est grand. Chez les gens qui ont vécu des traumatismes chroniques (abus, violence conjugale, etc.) particulièrement, les croyances qui se rapportent à soi et aux autres ainsi que la capacité de faire confiance sont très affectées.

Par ailleurs, mentionnons que les gens souffrant d'un stress post-traumatique doivent parfois vivre, en même temps, le deuil de personnes chères, le deuil de leur propre santé, des douleurs constantes, des problèmes financiers, des tracasseries judiciaires, etc..


ÉVOLUTION
Les symptômes débutent habituellement dans les trois premiers mois après le traumatisme bien que puisse exister un délai de plusieurs mois ou même de plusieurs années avant que les symptômes n'apparaissent. La durée des symptômes est variable avec une guérison complète survenant en trois mois dans environ la moitié des cas alors que de nombreux autres sujets ont des symptômes qui persistent plus de douze mois après le traumatisme.

Pour la majorité des gens chez qui les symptômes et problèmes persistent plusieurs mois après le traumatisme, le passage du temps n'amènera pas de rétablissement s'il n'y a pas de traitement. Ces gens risquent de développer une dépression (apparemment 25 à 30% des gens souffrant d'un stress post-traumatique), une consommation abusive de drogue, d'alcool ou de médicaments (environ 50%), un trouble panique, de multiples évitements phobiques et des problèmes de santé. Il est fréquent que ces diverses réactions interfèrent avec les relations interpersonnelles et mènent à de sérieuses difficultés conjugales et familiales. Elles mènent aussi parfois à la perte d'emploi.


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